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Frederik Pohl et Cyril M. Kornbluth : Planète à gogos

vendredi 24 février 2023, par Denis Blaizot

Auteurs : Frederik Pohl et Cyril M. Kornbluth

Titre français : Planète à gogos

Titre original : The Space Merchants (1953 1953 )

Éditeur : Denoël (Coll. Présence du futur 134)

Année de parution : 1998 1998

ISBN : 9782207247396

Quatrième de couverture :

Il y a beau temps que la Terre n’est plus gouvernée par les politiciens mais par les publicitaires. À coups d’annonces directes sur la rétine ou de pin-up en trois dimensions qui vous susurrent des slogans à l’oreille. Et qu’importe si notre planète est polluée jusqu’à l’os ! La nature nous aurait-elle donné l’intelligence de synthétiser l’acide ascétique si elle tenait à nous voir manger des fruits frais ? Seul problème : l’espace. Où loger les consommateurs nécessaires ? Sur Vénus ! Il suffit de les persuader que l’existence y est délicieuse. Ce à quoi s’emploie M. Courtenay... Jusqu’au jour où une agence rivale tente de l’éliminer en toute illégalité — c’est-à-dire sans notification de meurtre préalable — et ébranle du même coup ses certitudes...

Mon avis : Ce serait mentir que de parler de relecture. Car pour cela, il faudrait se souvenir de la première. Et si je suis certain d’avoir déjà lu ce livre — ainsi que sa suite Les gogos contre-attaquent — j’ai franchement eu l’impression de découvrir l’œuvre. Bon. À ma décharge, cette première lecture c’est faite il y a près de 40 ans. Dans une autre vie, quoi. Ce n’est pas la première fois que je redécouvre un roman déjà lu de nombreuses années au paravent, mais cette fois-ci c’était en connaissance de cause.

Je pense que mon opinion est la même. Une lecture très agréable et un thème intéressant. Une société centrée sur la surconsommation dans laquelle le développement durable n’aurait pas sa place ; où les divertissements ne consistent pas en la lecture d’un livre ou le visionnage d’un film, mais dans la lecture ou le visionnage de publicités ventant des produits conçus pour vous inciter — forcer serait approprié — à en consommer certains autres. Une société dans laquelle les agences de publicité sont omniprésentes et toutes puissantes, font du lobbying à tour de bras pour manipuler les gouvernements comme les individus.

Bien sûr, le héros-narrateur a beaucoup de chance dans son malheur. Hé ! c’est de la SF américaine des années 50. C’est donc toujours plus proche du blockbuster que du roman psychologique. Toutefois, malgré ce côté bourrin, ce roman fait passer un message.

Je ne lui ai, en fait, trouvé qu’un seul défaut : Un délire à propos de C02 liquide commercialisé sans qu’on sache pour quoi faire et qui se trouverait en abondance dans le sous-sol de Vénus. C02 que les héros se proposent d’utiliser pour provoquer un effet de serre sur cette planète et ainsi lui assurer une température de 25 à 28 °C toute l’année. On trouverait aussi dans le sol de cette planète du NH4 à l’état liquide. Comme ce sont là les seuls éléments scientifiques du roman et qu’il n’en est question que pendant deux pages, il est facile pour le lecteur de mettre ça au fond de sa poche avec un mouchoir par dessus. Oublions donc l’inculture scientifique de nos deux écrivains.

En bref : J’espère bien trouver la suite d’occasion pour finir la lecture de ce diptyque littéraire. Mais rassurez-vous : le premier peut se lire seul. alors n’hésitez pas.

Citation :

Voilà que vous me demandez d’expliquer ce qui se passe dans la cervelle d’un écolo, fit-il d’un ton de doux reproche. J’en ai déjà eu qui ont passé six heures d’affilée dans la salle d’instruction sans que je puisse rien en tirer. Si j’arrêtais l’écolo qui a fait le coup à Topeka, il parlerait, oh ! ça oui, mais ça qu’il me raconterait ne rimerait à rien. Il me dirait que les forages hydrauliques détruisent les terres cultivables. Je lui répondrais oui, et après ? Il me dirait alors que le terreau est impossible à remplacer. Je lui répondrais : mais si, on peut, et de toute façon la culture en hydroponique est bien préférable. Il me riposterait alors que cette forme de culture ne fournit pas d’abri aux animaux, ou quelque chose dans ce genre-là. Et pour conclure, il m’expliquerait que le monde va à vau-l’eau, qu’il faut que les gens le comprennent ; et je lui répliquerais que l’on s’en est toujours tiré jusqu’à maintenant et que ça continuera.
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