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Arthur Leeds : La copie carbone

lundi 20 mars 2023, par Denis Blaizot

Auteur : Arthur Leeds

Titre français : La copie carbone

Titre original : The Carbon-copy (The Black Cat — mars 1920 1920 )

Traduction : Denis Blaizot

En cherchant tout autre chose, j’ai découvert cette petite perle.

NON, Carson... pour l’amour de Dieu... pas encore ! Pas tant que je ne t’ai pas dit quelque chose ! Cela signifie la chaise pour toi. Je te le dis, tu es presque condamné pour mon meurtre dès que tu appuies sur la gâchette !

La voix de Stillman s’éleva dans un crescendo hurlant alors qu’il criait son appel frénétique à la miséricorde.

La réponse de Carson fut de bondir en arrière et de toucher le bouton mural qui éteignait le plafonnier qui illuminait le bureau. Gardant toujours l’autre sous le feu de l’automatique serré dans sa main droite, il tourna l’abat-jour de la lampe de bureau de sorte que ses rayons tombassent carrément sur son ennemi rampant.

— C’est exactement comme ça que j’ai toujours prévu de te faire mourir ! J’aurais pu t’abattre une vingtaine de fois, mais je ne voulais pas le faire quand tu ne savais pas que ça allait arriver. Maintenant, je suis ici... dans ton propre bureau... et la mort est dans ma main droite ! Tu sais qu’elle est là, et tu sais qu’elle s’en vient ! Regardes-moi ! Je veux te regarder droit dans les yeux alors que cette balle te déchire le cerveau...

— Carson, s’il te plaît, écoutes ! Je n’ai pas...

— Je me fiche de ce que tu n’as pas fait ; Je me souviens seulement de ce que tu as fait ! Eh bien, elle est morte... et tu es sur le point de mourir. C’était il y a trop longtemps pour que quiconque me relie à ta mort maintenant. Et nous — sa fille et moi — sommes trop loin pour être troublés par quoi que ce soit qui puisse arriver ici ce soir. Quand demain je prendrai le bateau pour retourner à ma petite fille et à mon travail, tout cela me paraîtra un mauvais rêve, c’est tout.

Il n’y eut pas un tremblement de sa main lorsqu’il leva l’automatique. L’autre homme sentit plutôt qu’il ne vit le mouvement qui allait jeter le voile sur sa carrière malsaine. Il se prépara à un dernier appel désespéré. Sa main droite remonta jusqu’à sa poche intérieure de poitrine.

— Carson... lis ceci... prends-le et lis-le, puis...

— Alors c’est là que tu le portes ! Eh bien, tu ne me feras jamais ça !

Un jet de flamme rouge sorti de l’obscurité et un rugissement assourdissant se répercutèrent dans le bureau et la pièce voisine. La main droite de Stillman, tenant une enveloppe, sortit de l’intérieur de son manteau. La main s’agita de haut en bas pendant un moment comme on fait ses adieux depuis le pont d’un navire au départ. Puis Stillman tomba à genoux et roula doucement, en boule sur le tapis à côté du bureau.

Carson se pencha sur le mort et arracha l’enveloppe de la main crispée. Elle contenait une fine feuille de papier — manifestement la copie carbone d’une feuille dactylographiée — et se lisait ainsi :

« Au commissaire de police Hendry.

Monsieur :

L’écrivain, James Foster Stillman, a un ennemi qui le hait suffisamment pour souhaiter lui ôter la vie. Il a de bonnes raisons de croire que cet ennemi — dont le nom, ainsi que des informations sur la position qu’il occupe actuellement dans le monde des affaires sud-américain, se trouvera dans l’enveloppe ci-jointe — tentera de le tuer au cours des deux prochaines semaines. Accompagnant le nom et l’adresse de cet homme, on trouvera un aperçu des circonstances qui, selon l’auteur, amèneront son ennemi à attenter à sa vie, pour des motifs de vengeance. Il est instamment demandé que la lettre ci-jointe ne soit pas ouverte à moins que la mort de l’auteur ne soit provoquée de manière à indiquer incontestablement un meurtre.

James F. Stillmak."