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Brian W. Aldiss : L’Instant de l’éclipse

dimanche 3 novembre 2013, par Denis Blaizot

Editions Denoël (Présence du Futur Présence du Futur Collection de poche des éditions Denoël ) (1973 1973 ), 256 pages
Traduit par Bruno Martin

Quatrième de couverture : D’Europe en Afrique, il poursuivait cette femme. Mais qui était-elle ? Lui-même n’osait le dire.

Se pouvait-il qu’elle fût le symbole de la mort ou de quelques chose « d’autre » ?

Quand il l’a retrouvée, il a commencé à ressentir les symptômes d’un mal étrange : il avait l’impression d’être habité par une effrayante entité. De quoi, de qui s’agissait-il ?

Ce recueil contient :

  • L’Instant de l’Éclipse
  • Le Jour de l’embarquement pour Cythère…
  • L’Orgie des vivants et des mourants
  • Des jouets pour l’été
  • Le Filou du village
  • En redescendant la spirale…
  • Entre l’art et la vie
  • Confluence
  • Les Écrits secrets de Harad IV
  • La Circulation sanguine…
  • … et l’inertie du cœur
  • Le Ver qui vole
  • Sur les chantiers astronavals
  • Svastika !

Prix British Science Fiction 1971 1971

Mon avis : à la lecture de la première nouvelle, L’Instant de l’Éclipse, je n’ai pas pu m’empêcher de me faire cette réflexion : Eh ben ! Avec ça on m’a pas le cul sorti des ronces. C’est quoi ce truc ? Certainement pas une nouvelle pour moi. Allez ! Je vous en fais un résumé. Ça vous évitera une corvée. Donc : Le héros/narrateur est un cinéaste aux attirances sexuelles complexes. En visite dans une capitale d’Europe de l’est, il se prend d’idée d’avoir une relation amoureuse avec l’épouse d’un diplomate. Pour arrivé à ses fins il décline une offre d’un gouvernement africain de réaliser un film sur son pays. Oui, mais la dame suit son mari en mission dans le dit pays. Alors il change d’avis et part pour l’Afrique réaliser ce film avec l’intention de la retrouver et de conclure. Subjugué par cette région, il en oublie son but premier, fait un superbe film et va le présenter à Cannes où il découvre par le plus grand des hasard que la dame s’y trouve. Il obtient son adresse, va lui faire un brin de cour, apprend qu’elle a divorcé et réussi à l’inviter à une soirée en solitaire sur son Yacht. Malheureusement, il est pris d’une sensation étrange (et là, pendant une demi-page, on se croit prit dans une nouvelle fantastique ). À son réveil, elle a disparu. Alors, de dépit, il repart en Afrique et rejoint le guide Ibo qui lui a fait découvrir la région. Voyant des sortes de grosseurs apparaître et disparaître sous sa peau, son guide l’entraîne chez un médecin américain des environs qui lui diagnostique une infection par un parasite contracté quelques années plus tôt pendant le tournage du film. Voilà. C’est tout. Cette nouvelle s’étale sur 21 pages et dès la cinquième, j’étais pressé d’en avoir fini. On ne s’attend pas à ça en lisant la quatrième de couverture. Si les autres sont du même acabit, je vous le dis : vous n’aurez jamais la chronique du recueil complet.

Le Jour de l’embarquement pour Cythère… est très… onirique. Je ne lui ai trouvé aucun second degré ou message caché. Et elle ne raconte rien. Passons donc à la suivante.

Vais-je avoir une meilleure opinion de ce volume après la lecture de L’Orgie des vivants et des mourants ? Rien n’est moins certain. Que viennent faire ces bouts de phrase entre deux lignes noires insérés de place en place qui ont un vague rapport avec le récit, mais… À plus de la moitié de la nouvelle, le lecteur apprend enfin ce que font là ces bouts de phrase qui ne servent à rien. Ce sont, d’après l’auteur, des « voix entendues » par le héros. Et l’histoire ? Ce n’est pas de la SF ni du fantastique. Bref, cette nouvelle, comme les deux premières n’ont rien à faire dans un recueil édité dans une collection de SF comme Présence du Futur Présence du Futur Collection de poche des éditions Denoël .

Des jouets pour l’été est la première vrai nouvelle de SF de ce volume. Mais je ne suis pas entièrement convaincu. Peut-être que, influencé par ma mauvaise appréciation des trois précédents textes, suis-je trop exigeant pour celle-là.

Le Filou du village est une très bonne histoire sur la pauvreté et les relations entre caste dans l’Inde des années 70’s. Je ne sais pas jusqu’à quel point elle peut être véridique, mais ce n’est pas de la SF.

Je vais passer très vite sur En redescendant la spirale… , Entre l’art et la vie et Confluence. Ça pourrait m’énerver et me gâcher ma journée. La première n’a aucun intérêt : c’est un assemblage de bout de textes qui n’ont aucun lien et sont mis ensembles. La deuxième est un peu mieux, mais les états d’âmes du narrateur pendant sa visite du Victoria & Albert Museum ne m’ont pas du tout accroché. La troisième est à rattacher à la SF puisque c’est un lexique de termes d’une langue extraterrestre. Malheureusement, un lexique imaginaire n’est pas une nouvelle à proprement parler. Ce texte n’aurait d’intérêt que s’il était inséré dans un ensemble de nouvelles ayant cette même référence.

Les Écrits secrets de Harad IV est une vrai nouvelle de SF que j’ai appréciée, même si je pense qu’elle aurait gagné à être plus développée. Eh oui, moi qui aime les histoires courtes et rondement menées aurai voulu qu’elle soit plus longue. En effet, il est, à mon avis, quasi impossible de bien rendre un thème comme celui de cette nouvelle en une douzaine de pages : 900 ans d’histoires humaines après une catastrophe majeure.

Ah ! Enfin, une vrai bonne nouvelle de SF. La Circulation sanguine… est bien ficelée, malgré quelques passages un peu longuets. Cette histoire de virus d’immortalité est agréable et dynamique. C’est une perle dans une huître pourrie. Elle méritait que je lise ce recueil au moins jusque là.

… et l’inertie du cœur est, comme peut le laisser supposer les points de suspension la suite de la précédente. Que Brian Aldiss aurait pu ne pas écrire. Il ne s’y passe rien. Les deux héros de la précédente, quatre siècles plus tard, se rendent à Calcutta pour aider à organiser son évacuation. Ils font le trajet avec un pakistanais qui y va pour la même raison. Ce voyage est pour nos personnages l’occasion de discussions interminables sur le sens de la vie. Le lecteur découvre aussi au fil de sa lecture de nombreuses phrases comme celle-ci : Ma foi qu’il n’approuverait sûrement pas j’ai l’obligation de n’être pas toute foi je dois aussi remplir mon quota d’abrasion pour lui ! (page 195) J’ai fini par comprendre que c’était la façon qu’avait trouvé Aldiss pour restituer les pensées de ses personnages. C’est laid, ça n’a pas grand sens et ça ne sert à rien pour faire avancer le shmilblick (« Le Schmilblick des frères Fauderche est, il convient de le souligner, rigoureusement intégral, c’est-à-dire qu’il peut à la fois servir de Schmilblick d’intérieur, grâce à la taille réduite de ses gorgomoches, et de Schmilblick de campagne grâce à sa mostoblase et à ses deux glotosifres qui lui permettent ainsi d’urnapouiller les istioplocks même par les plus basses températures. Haut les cœurs et chapeaux bas devant cette géniale invention qui, demain ou après-demain au plus tard, fera germer le blé fécond du ciment victorieux qui ouvrira à deux battants la porte cochère d’un avenir meilleur dans le péristyle d’un monde nouveau... » — Pierre Dac) Bref, encore une nouvelle que vous pouvez éviter de lire.

Je ne vais pas vous parler de Le Ver qui vole. Ça m’évitera de médire. Cette histoire d’homme-arbres et d’hommes ordinaires immortels part plutôt bien, mais devient très vite un grand capharnaüm comme un certain nombre d’autres nouvelles de ce recueil. Ce volume n’a pu être publié que parce qu’Aldiss avait déjà une bonne notoriété. Car, je suis bien convaincu que si je présentais ces textes là à un éditeur, il me fout à la porte avant d’engager contre moi une procédure en justice pour lui avoir fait perdre son temps.

Le lecteur qui se sera fourvoyé avec ce recueil pourra gagner quelques minutes en zappant Sur les chantiers astronavals et Svastika ! Elles n’ont vraiment aucunes sorte d’intérêt. La première est encore une esquisse de nouvelle. Vous pouvez être certain de vous faire éliminer si vous tentiez de participer à un concours de nouvelles avec ça. Et la deuxième est un petit délire dystonique dans lequel l’auteur dialogue avec un Hitler vivant incognito.

En conclusion : J’avais une bonne opinion de cet écrivain avant d’entreprendre la lecture de ce volume, malgré Barbe-Grise. Mais là, ça atteint des sommets de médiocrité. Le prix obtenu par Aldiss pour ce recueil ne peut que m’agacer encore un peu plus. Je ne lirai plus jamais rien de lui.

Lecteur imprudent, passe ton chemin.

J’ai également lu de cet écrivain :

  • Barbe-Grise
  • L’Espace, le temps et Nathanaël
  • Helliconia, tome 3 : L’hiver d’Helliconia
  • Helliconia, tome 2 : Helliconia, l’été
  • Helliconia, tome 1 : Le printemps d’Helliconia
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