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John Keats : La Belle Dame Sans Merci

dimanche 28 novembre 2021, par Denis Blaizot

J’ai découvert ce poème de John Keats dans le Weird Tales d’août 1925 1925 .

Intrigué par son titre français, je n’ai pas résisté. En voici une traduction. Et en bas de page une copie du texte paru dans ce magazine.

La Belle Dame Sans Merci

Ah, qu’est-ce qui peut bien t’arriver, pauvre malheureux,
Seul et pâle, errant ?
La laîche est fanée sur le lac,
Et aucun oiseau ne chante.

Ah, qu’est-ce qui peut t’affliger, malheureux chevalier,
Si hagard et si malheureux ?
Le grenier de l’écureuil est plein,
Et la moisson est faite.

Je vois un lys sur ton front,
Avec l’angoisse humide et la rosée de la fièvre ;
Et sur ta joue une rose fanée
Le passé se fane aussi.

J’ai rencontré une dame dans les prés,
D’une beauté incroyable, une enfant de fée ;
Ses cheveux étaient longs, son pied était léger.
Et ses yeux étaient sauvages.

Je l’ai mise sur mon coursier,
Et je n’ai rien vu d’autre de toute la journée ;
Car elle se penchait de côté, et chantait
Une chanson de fée.

J’ai fait une guirlande pour sa tête,
Et des bracelets aussi, et parfumés.
Elle me regardait comme elle aimait,
Et poussait de doux gémissements.

Elle m’a trouvé des racines délicieuses,
Et du miel sauvage, et de la rosée de manne ;
Et dans une langue étrange, elle me dit :
"Je t’aime vraiment !

Elle m’emmena dans sa grotte elfique,
Et là, elle regarda et soupira
Et là, j’ai fermé ses yeux sauvages et tristes.
Ainsi embrassés au plus profond.

Et là, nous nous sommes endormis sous la Lune,
Et là, j’ai rêvé, ah ! malheur à moi !
Le dernier rêve que j’ai jamais fait
Sur le flanc froid de la colline.

Je vis des rois pâles, et des princes aussi.
Des guerriers pâles, tous pâles comme la mort ;
Qui criaient : "La belle Dame sans merci
Te tient sous son emprise !"

J’ai vu leurs lèvres affamées dans la lueur.
Avec d’horribles avertissements largement ouverts,
Et je me suis réveillé, et je me suis trouvé ici
Sur le côté froid de la colline.

Et c’est pourquoi je séjourne ici
Seul et pâle, errant,
Bien que la laîche du lac soit flétrie,
Et aucun oiseau ne chante.