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Trébla : Les morts vivent-ils ?

jeudi 5 août 2021, par Denis Blaizot

Ce conte de presse de Trébla Trébla Trébla est le pseudonyme de Albert Delvaille (Neuilly-sur-Seine, 30 mai 1870 - Paris, octobre 1943) qui a écrit de nombreuses pièces de théâtre. a été publié le 20 septembre 1921 1921 .

Excellente !! Je pense que je vais lire les autres contes de Trébla Trébla Trébla est le pseudonyme de Albert Delvaille (Neuilly-sur-Seine, 30 mai 1870 - Paris, octobre 1943) qui a écrit de nombreuses pièces de théâtre. . Celui-ci est clairement à classer fantastique puisqu’il est question de communication avec les morts. Mais c’est avant tout le côté humoristique qui m’a plu. J’en veux encore !!

— N’y croyez pas, mais admettez au moins que d’autres puissent baser sur des faits précis une opinion diamétralement opposée.

Ainsi parla mon voisin de compartiment, car que faire en wagon, à moins que l’on ne cause ? puis il ajouta :

— J’ai rencontré jadis certaine dame auprès de qui l’on eût été bien mal venu de nier le pouvoir qu’ont les morts de communiquer avec les vivants. D’ailleurs, pour étayer sa conviction, elle avait une raison péremptoire : Son mari, décédé depuis quelques années, manifestement, une nuit, répondit à son appel et lui apporta, dans une circonstance délicate, un précieux conseil.

Parfaitement. C’était un ancien ferblantier, que les habitants de la ville où se passa l’aventure ont bien connu. Il s’appelait — je n’ai pas oublié son nom — Guthagon Lapanouille.

×××

En ce temps-là, comme aujourd’hui, j’étais voyageur de commerce et, selon les règles de mon itinéraire, je m’arrêtai à Sargues, station sans importance bien que assez fréquentée par mes confrères aux époques des marchés.

Le patron de l’Épi d’Or, où j’avais coutume de descendre, s’excusa, vu l’affluence, de ne pouvoir me réserver que le n°9. La chambre était confortable, spacieuse, bien aérée, mais il tenait, disait-il, à m’en signaler l’inconvénient, son voisinage : Oh ! pas l’ascenseur ni les cabinets, le n°10 tout simplement, une autre chambre, occupée par Mme veuve Guthagon Lapanouille.

Je m’étonnais que le seul fait de contenir une pensionnaire, eût-elle un nom aussi ridicule, pût constituer un désagrément quelconque.

— C’est que Mme Lapanouille,, observa l’hôtelier, n’est pas une femme ordinaire.

— Diable ! fis-je. Est-ce une somnambule, ou bien une folle dangereuse et dois-je barricader ma porte ?

— Non, me répondit-il, n’ayez aucune inquiétude. Après avoir vendu la petite boutique de ferblanterie qu’elle tenait dans la grande rue, elle a pris pension chez moi. C’est une excellente personne, mais, sauf le respect que je dois à mes hôtes, je la crois, sinon toquée, du moins plutôt originale. Toutes les nuits elle va, elle vient, elle remue des meubles et elle parle toute seule.

— Anodin mais embêtant, remarquai-je. Tant pis, j’essayerai de dormir quand même.

Le soir, au dîner, je fis la connaissance de Mme Lapanouille. C’était une personne assez bien conservée, suffisamment cultivée et, mon Dieu, sa conversation, sans être palpitante, me parut assez raisonnable.

À dix heures je montai me coucher.

Il était environ minuit, lorsque je fus réveillé par le bruit d’une table qu’on renversait dans la chambre à côté.

« Petit malheur, pensai-je, surtout si ce n’est pas la table de nuit »

Vers une heure je fus une seconde fois réveillé par de singuliers craquements, que soulignait une sorte de litanie.

— Le diable la patafiole ! articulai-je, avant de me rendormir encore.

Il était environ... Ah ! cette fois, impossible de refermer l’œil ! Les bruits continuaient ininterrompus : chuchotements, roulements, grincements, toute la lyre ! Cela ne pouvait continuer ainsi et, la colère s’emparant de moi, je m’emparai à mon tour d’une canne, avec laquelle, en manière de protestation, je frappai contre la cloison quatre vigoureux coups... Comme par enchantement le concert s’arrêta net et, dès lors, plus rien n’interrompit mon doux sommeil.

×××

« Quelle figure va me faire Mme Lapanouille au déjeuner ! » pensai-je, en me levant.

Or, à midi, je la trouvai d’allure fraîche et d’humeur exquise.

— Monsieur, me dit-elle, c’est la première fois, depuis la mort de mon pauvre mari que l’on me voit si bien disposée.

—  ???

— Sachez que toutes les nuits j’ai coutume d’invoquer l’âme de mon défunt. Eh bien ! jamais, jusqu’ici, Guthagon ne m’avait répondu. Cette nuit je l’ai appelé plus énergiquement que de coutume, car j’avais, à le consulter, un intérêt capital :

 » Guthagon, lui ai-je dit, je suis bien seule et j’ai l’intention de me remarier. Qu’en penses-tu ? Frappe sur le mur. Si c’est un nombre impair, je considérerai ton avis comme défavorable, mais, si c’est un nombre pair.

 » Eh bien vous me croirez si vous voulez, il a frappé quatre fois, oui, monsieur, quatre fois, très distinctement ! »

Trébla Trébla Trébla est le pseudonyme de Albert Delvaille (Neuilly-sur-Seine, 30 mai 1870 - Paris, octobre 1943) qui a écrit de nombreuses pièces de théâtre.