La silhouette dans le désert
En prospectant de l’uranium dans l’ouest, je me suis perdu dans l’immensité du désert. La colonie la plus proche était à des kilomètres. Aucun signe ne permettait de choisir une direction. Après des heures dans une chaleur insupportable, j’ai aperçu un diable de poussière, un de ces tire-bouchons de poussière dansants qui caracolent le long des routes de campagne. Il tournait sur le côté. Pendant que je le regardais, il s’est avancé vers moi puis s’est éloigné, droit vers une montagne bleue qui apparaissait au-dessus de l’horizon.
Je m’arrêtai, hypnotisé par son action. Sa fine base tournoyait comme les pieds d’un patineur et son sommet projetait un panache de sable qui ressemblait à un bras pointé. Je me suis tourné vers lui et il s’est calmé. Sans réfléchir, je suis revenu à mon ancien initial, et il s’est montré à nouveau, tourbillonnant près de moi puis filant vers cette montagne bleue. Sans raison, je l’ai suivi. Tout l’après-midi et jusqu’au clair de lune, j’ai suivi ce diable de sable. Vers minuit, j’étais suffisamment près de la montagne bleue pour voir un feu de camp. C’est un autre prospecteur... qui m’a donné de l’eau et m’a accueilli.
Je suppose que le diable de sable n’était rien d’autre que des courants d’air et de la poussière du désert, mais je ne peux pas oublier la « vie » qu’il contenait alors qu’il dirigeait mes pas. Cela m’a sauvé la vie. Je suis toujours en prospection, mais je ne les appelle plus des diables de poussière. Je les appelle des anges de poussière.
Eugene Mallony, livraison générale, Butte, Mont.
