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A. Merritt par lui-même

jeudi 16 novembre 2023, par Denis Blaizot

A. Merritt

Auteur de The Ship of Ishtar (La nef d’Ishtar), Seven Footprints to Satan (Sept pas vers Satan), The Face in the Abyss, The Snake Mother(Ces deux dernieers textes constinuent le roman Le visage dans l’abîme), etc.

Il s’agit de l’esquisse autobiographique de M. Merritt, parue à l’origine dans « Les hommes qui font l’Argosy » [1], mise à jour pour FAMOUS FANTASTIC MYSTERIES [2].

LE « A » signifie Abraham. Cela s’est passé de cette façon. Sa famille était Quaker des deux côtés. Chaque fois que quelqu’un naissait, la Bible était consultée. La mère de ma mère se révolta et nomma ses enfants Ida, Phoebe, Ella et Philip – elle aimait les Grecs. Elle s’en tira grâce à sa force de caractère, mais lorsque le fils d’Ida naquit, les conservateurs des deux côtés firent irruption. En conséquence, l’enfant sans défense fut nommé Abraham, en hommage à son grand-père. Il eut de la chance, car c’était un compromis entre Job et Ézéchias.

Le général Wesley Merritt était son grand-oncle et Fenimore Cooper seulement un peu plus loin dans son arbre généalogique. Après l’avoir affublé du nom d’Abraham, la famille pensa qu’il devait devenir avocat. Pourquoi pas ? Un jour, il pourrait être président. Abraham Lincoln avait le même nombre de lettres dans son nom qu’Abraham Merritt Abraham Merritt Abraham Merritt, né le 20 janvier 1884 à Beverly au New Jersey et mort le 21 août 1943 à Indian Rocks Beach en Floride, est un auteur et un éditeur de science-fiction et de fantasy américain qui publia dans les magazines Argosy All-Story Weekly, Fantasy Mag, The Avon Fantasy Reader ou Weird Tales. . Quoi de plus logique ?

Ainsi, après avoir fréquenté le lycée de Philadelphie, il s’inscrivit à la faculté de droit de l’Université de Pennsylvanie. Presque immédiatement après, toute sa famille fit faillite. Il n’y avait rien à faire, alors il l’a fait. Il se lança dans le monde de la presse à l’âge de dix-huit ans. À cette époque, l’écriture était payée au tarif de cinq dollars la chronique et vingt dollars par semaine représentaient la richesse.

Deux journalistes le prirent en main et lui enseignèrent l’art du récit à sens caché. Ce n’était pas de l’altruisme de leur part, car plus il pouvait gagner d’argent, plus ils pouvaient emprunter. Il servit un peu plus d’un an dans ce péonage, mais ne regretta jamais le coût de la formation.

À cette époque, les journaux étaient des journaux et la politique de la politique. Il lui est arrivé un jour de voir quelque chose qui rendait difficile sa présence à la barre des témoins. Le résultat fut qu’il passa une année heureuse et sans frais à errer à travers l’Amérique centrale, fouillant dans les ruines, entrant et sortant d’endroits exigus et développant le goût de l’archéologie. Mais aussi une cargaison plutôt inhabituelle de légendes mayas, aztèques et, plus tard, incas ; Un genre d’histoire qui n’est pas enseigné dans les écoles. Durant cette période, il acquit une curieuse connaissance des coutumes indiennes, des cérémonies religieuses qui auraient horrifié ses ancêtres quakers, et aussi une connaissance tout aussi intime des intérieurs des palais, des grottes, des haciendas, des huttes, de la jungle et une ou deux fois le cabozo ou la prison.

Revenant à contrecœur vers le nord, il reprit son rôle de journaliste et se retrouva plongé dans une succession de meurtres mystérieux, de suicides, de grèves, de catastrophes mineures et majeures et d’exécutions. Malheureusement, il développa un talent pour rédiger les comptes-rendus de ces dernières avec une telle vivacité qu’on lui assigna toujours cette tâche. Il les écrivait avec vivacité parce qu’il les détestait. Sa procédure était toujours la même. Il assistait à la cérémonie fortement alcoolisé. Il en revenait et écrivait l’histoire, démissionnait dignement et entreprenait aussitôt de s’enivrer complètement. Il reparaissait quelques jours plus tard avec la blessure de son âme cicatrisée, et c’était tout jusqu’à la prochaine pendaison. Entre temps, il cherchait un soulagement à cette sombre vie de crime et de catastrophe en retournant dans la jungle et en étudiant la science, la couleur et la musique.

Après quelques années, il partit pour New York, devenant l’assistant du célèbre Morrill Goddard, rédacteur en chef de The American Weekly. Lorsque M. Goddard décéda environ trois ans plus tard, il en devint rédacteur en chef et souligna avec fierté que sa diffusion ne faiblissait pas. A. Merritt pense que Morrill Goddard était le deuxième plus grand rédacteur en chef de magazine ; le premier étant M. Hearst. Il pense qu’il a envers M. Goddard une dette de gratitude pour sa patiente formation qu’il ne pourra jamais rembourser ; il pense aussi très souvent que la vie aurait probablement été et serait bien plus spectaculaire s’il n’avait jamais suivi la formation.

Lorsqu’il prit la direction éditoriale, il avait trois romans en cours – un sur l’histoire de la sorcellerie chinoise, un sur la possession démoniaque et un autre se déroulant au Yucatan avec une légende peu connue en arrière-plan. L’un d’eux était à moitié terminé. Depuis trente mois, il n’y a pas ajouté un seul mot.

Sa femme partage ses goûts, notamment pour un îlot de la côte ouest de Floride dont ils possèdent une vingtaine d’acres partagés avec des pélicans, des grues des hérons, des marsouins, des requins, des cardinaux, des oiseaux moqueurs, des araignées extrêmement grandes et velues, des papillons, des blattes des palmiers qui peuvent percer et percent parfois un pantalon en une nuit, des tarpons, des maquereaux, des crabes et des méduses assorties, et en saison des moustiques, des moucherons et des scorpions. Lorsque sa femme ne partage pas ses goûts, ce qui arrive assez souvent, elle les tolère. Il a une très jolie fille de dix-huit ans. Il possède également une exploitation d’agrumes près de Clearwater, dont les fruits, d’un jaune magnifique, sont de plus en plus rouges. Cependant, il souligne que si le pire devait arriver, il pourra toujours manger en attrapant du poisson, en cueillant des oranges et des pamplemousses. Certains voisins élèvent des poules et il existe une espèce de tortue terrestre qui fait une bonne soupe.

Pour le reste, il est en quelque sorte une autorité en matière de folklore et de mythologie, d’archéologie, d’histoire et de coutumes de l’Amérique centrale et du Sud, un bon astronome et un bon botaniste... entre autres intérêts pour les sciences. Il a fait une étude approfondie de la sorcellerie ancienne, de la magie médiévale et des sortilèges dans leurs aspects passés et présents ; souvent sur place. Il est membre d’une tribu indienne du nord du Panama et d’une tribu d’Indiens guatémaltèques, descendants de l’un des anciens peuples mayas... Sans mentir !

Il n’aime pas tous les exercices violents, y compris le bridge, et ne marche jamais s’il peut conduire ou être transporté.

Il élève des abeilles.

Lorsqu’il écrit, il écrit lentement et avant tout pour se faire plaisir... ce qui explique en grande partie, dit-il, pourquoi il écrit si peu. Et chaque fois qu’il termine une histoire, il est profondément déprimé pendant un certain temps parce que ça pourrait être mieux. Tous sauf son roman « La Femme du bois » qui, admet-il sans rougir, est « 100 % fantastique ».

De temps en temps, il joue avec l’idée de prendre sa famille et sa machine à écrire sous les bras, de migrer vers l’îlot des Keys et d’écrire à nouveau. Peut-être qu’il le fera... qui sait ?

Cette traduction est un premier jet et j’ai fait mon possible pour coller au texte original.


[1The Men Who Make the Argosy (Argosy, October 25, 1930)

[2N° de juin 1940.